Préparation du support - Préparation
des couleurs - Technique de pose des couleurs
es quelques notions expliquées ci-dessous sont données à titre
indicatif
et tentent de résumer les siècles de production et d'influences
diverses.
Caractéristiques de l'enluminure pré-romane
Reprenons les deux principaux courants qui influencèrent l'enluminure
française de la période romane : l'
anglo-saxon et
le
carolingien.
Anglo-Saxon :
Cet art non figuratif est caractérisé par des motifs dont les spirales
et entrelacs occupent de larges surfaces. Les figures géométriques,
visages et animaux fabuleux s'y entrecroisent, alliant symétrie, légèté
du trait et précision.
"Sainte
Détail d'une page du livre de Luc - "Breves causae"
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Technique de mise en couleur : l'art anglo-saxon est caractérisé
par une complexité d'entrelacs et de motifs. Le travail de l'enlumineur
réside essentiellement dans la maîtrise et la souplesse du trait. Les
couleurs (principalement des ocres et du minium pures) viennent combler
en couches uniformes les endroits qui leurs sont destinées ; elles font
office de remplissage.
Carolingien :
Les manuscrits carolingiens, dont le style est synonyme de
magnificience, s'inspirent de l'esthétique de la fin de l'Antiquité
romaine. Ses caractéristiques sont : emploi de parchemins pourpres,
écriture à la feuille d'or, couleurs vives, décors chargés de feuillage
et d'oiseaux, mouvement des drapés, personnages au visage énigmatique,
motifs de pierreries, grandes lettrines richement ornées.
Technique de mise en couleur : de part les différentes
représentations d'un manuscrit à l'autre, les techniques sont assez
complexes à définir. Prenons l'exemple du drapé. Il s'agit d'un aplat
uniforme à la base ; le mouvement est donné par une succession de
traits plus foncés les uns que les autres. La palette de couleurs est
assez riche et elle restera quasimment la même pendant toute la période
romane.
Caractéristiques de l'enluminure romane
L'enluminure romane a été très profondément marquée par l'art byzantin
(abondance des fonds dorés). Les personnages deviennent plus vivants,
malgré des formes encore soulignées par un trait noir pour mettre en
relief les mouvements. Ce type de représentation des personnages
humains fait d'ailleurs l'objet d'une polémique au sein de l'Église,
celle-ci craignant que des images trop réalistes perdent leur fonction
symbolique (ceci explique certaines allures stéréotypées).
XIe
siècle, "Grégoire de Tours"
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Technique de mise en couleur : les drapés sont réalisés en "
plis
humides".
Cette technique consiste à dessiner les tissus plaqués sur le corps des
personnages comme s'ils étaient mouillés, pour mieux souligner les
mouvement et les formes. Ils sont exécutés en posant une première
couche de couleur claire en aplat ; le volume et le mouvement sont
donnés par une juxtaposition de traits de même couleur (plus ou moins
diluée).
Dans une enluminure en pleine page l'espace entier est
occupé. Les fonds sont soit dorés, soit en aplat de couleurs vives ;
des réhauts de blanc sont assez fréquents. Les couleurs employées sont
pures ou adoucies avec une pointe de blanc.
Caractéristiques de l'enluminure gothique
L'art gothique va chercher à représenter les scènes de la vie
quotidienne, avec un côté de plus en plus réaliste. Les formes
s'adoucissent ; à partir du XIV
e
siècle, on découvrira même des expressions personnelles sur les
visages. Le décor lui aussi s'approche du réel et les costumes des
personnages reprennent ceux de l'époque.
XVe
siècle. Nativité ; Bréviaire de Jean, duc de Bedford
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Technique de mise en couleur : au XIII
e siècle les
décors de fond sont losangés or, bleu et rouge ; il faudra attendre le
XIV
e
siècle pour trouver les premières notions de perspectives. Les dégradés
sont très caractéristiques de cette époque. Il s'agit de superposer des
couches de couleurs en les dégradant les unes sur les autres afin
d'obtenir le volume désiré (six à sept couches sont parfois
nécessaires). La base de la couleur est posée soit en lavis (diluée),
soit en y ajoutant du blanc ; le dégradé se faisant à chaque couche
successive en accentuant petit à petit la nuance.
Quant au trait noir - très présent dans le style roman - il ne sert ici
qu'à cerner les dorures (la feuille d'or ne laissant pas de bordure
réelle).